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Entre Ionio et Tirreno, peu d’espace pour les migrants en Calabria

Dixième report multimédia des activistes de Ovethefortress en voyage dans le sud d’Italie

Traduzione a cura di: Barbara Anzivino, Concetta Sorvillo

Vidéo-interview à Emilia Corea de l’association «La Kasbah» de Cosenza. Rendez-vous avec les activistes et les avocats de l’association ; avec les migrants dans le résidence occupé de Falerna et avec Santino Piccoli de AltraLamezia ; Leonardo Torchia, Fabio Righello et Filippo Sestito du mouvement anti-racial de Crotone.

Bienvenus chères auditeurs à Radio NoBorder!“. Ainsi commence l’émission radio que nous avons conduit un samedi après-midi dans le résidence des Oliviers à Falerna. Nous sommes dans un ancien centre d’accueil qui dans le 2013 a été fermé après une ordonnance d’inhabitabilité promulguée par le maire. Les 200 migrants qui y vivaient décidèrent de ne pas laisser cet endroit que quelqu’un avait commencé a appeler “maison”. Commença ainsi une intéressante expérience d’occupation et d’autogestion de cet espace qui était composé de 4 établissements avec de grandes chambres et de petits logements.

Au moment de notre visite, il y a plus ou moins 150 personnes, peu de femmes et quelques enfants; pour la plupart il s’agit d’hommes qui se déplacent pour travailler dans les champs d’oignons. Plusieurs entre eux n’ont pas les documents en règle, mais la faute est surtout liée aux longueurs des procédures à la Préfecture pour le renouvèlement du permis de séjour. En plus, l’administration de la municipalité a décidé de libérer la zone et les migrants le savent; ils sont donc en atteinte. Nous décidons de passer un après-midi avec eux, en compagnie de leur musique et de notre radio.

Dix jours après, le 6 Décembre, Adam nous envoie des photos dans lesquelles on peut voir plusieurs forces de police avec les pompiers. Le jour du déménagement est arrivé, sans plus d’alternatives. La légalité qui est si utile au pillage politique est rétablie, les gents retournent dans la rue.

Lamezia Terme

Nous faisons étape à Lamezia Terme, où nous rencontrons Santino Piccoli de AltraLamezia et un garçon gambien de 27 ans qui nous demande de garder son anonymat – on l’appelera Oscar.
Ils nous racontent de Malgrado Tutto, une coopérative sociale qui a géré pendant des années celui qui est considéré le pire CPT en Italie et qui, aujourd’hui, a été transformé en CAS. Les conditions terribles à l’intérieur du centre donnent les frissons. Non seulement il n’y a aucun programme d’intégration ni aucune activité d’instruction ou d’aide légale, mais aussi la position du centre et le manque de liens avec la ville représentent une grande limite: il suffit de penser que l’autobus le plus proche se trouve à 5 km de distance.

La situation à l’intérieur du centre est insoutenable. La capacité maximale est de 90 personnes, mais elle a atteint 250 présences au printemps. Il y a seulement trois toilettes et deux douches, il n’y a ni eau chaude ni réchauffage. Les demandeurs d’asile avaient acheté avec leur argent une petite poêle à gaz, mais dès qu’elle était connectée, la lumière sautait.

Voilà où vivait Oscar jusqu’à récemment. C’est lui qui nous racontent en détail les conditions du centre d’accueil et qui, avec d’autres habitants, a voulu hausser le ton contre Malgrado Tutto. Ils se sont organisés et ils ont protesté plusieurs fois.
La première en avril 2015 demandait de services d’orientation légale, une nourriture décente et la possibilité d’avoir des vêtements pour se changer. Malheureusement elle a été inutile, parce que l’amélioration promise n’est pas arrivée; donc, en 2016, il a eu une autre protestation de la parte des hôtes du centre qui ont bloqué la rue en face du commissariat policier.

Ils sont restés cinq jours à dormir dans la rue, en maintenant le piquet grâce aussi aux activistes locaux ; ils ont décidé d’abandonner la position seulement après la formation d’un observatoire permanent composé des activistes mêmes. En ce moment il y a encore 153 hôtes dans la structure, l’adjudication du centre à la coopérative Malgrado Tutto n’a pas été confirmée, donc il sera fermé pour épuisement : de nouveaux hôtes ne seront pas acceptés et, une fois déménagés les hôtes actuels, les portes seront fermées.

Crotone

De la rive tyrrhénienne à celle ionienne, une autre étape importante du voyage de overthefortress est la ville de Crotone, en particulier la zone frontalière entre celle-là et la municipalité voisine de Isola Capo Rizzuto. En face de l’aéroport national de Sant’Anna s’étend une énorme zone clôturée avec des barbelés. La zone en question donnait hospitalité à plusieurs casernes de l’Aviation italienne; au présent ces mêmes casernes ont été converties en CARA (Centre d’Accueil pour les Demandeurs d’Asile). L’entrée de la structure s’ouvre sur la route 106, une voie très fréquentée où ces dernières années il y a eu plusieurs accidents où ont été impliqués les hôtes du CARA Sant’Anna. Après la mort de 10 personnes, le conseil municipal a construit une rue piétonne qui permet aux migrants d’atteindre l’arrêt du bus pour Crotone.

Nous rencontrons Leonardo Torchia, Fabio Riganello et Filippo Sestito du mouvement anti-raciale de Crotone, qui nous racontent l’histoire de l’énième non-lieu que nous trouvons dans notre voyage. L’accueil des migrants à Crotone a commencé il y a presque vingt ans avec les grandes migrations des Balkans, en particulier avec les citoyens du Kosovo. Le nom et la classification de ce centre a changé au fil des ans, de CPA à CIE et maintenant à CARA, mais il a toujours présenté une situation de désorganisation et de surpopulation. Contre les 900 places officielles, il est arrivé en certains moments à accueillir jusqu’à 2000 personnes, en faisant connaître ce non-lieu comme le plus grand en Europe jusqu’à l’ouverture du CARA de Mineo.
Les personnes accueillies en ce moment proviennent principalement de l’Erythrée, la Gambie, la Nigeria, le Pakistan et l’Afghanistan; de nombreux hommes, femmes et familles attendent depuis plus d’un an le déplacement ou le regroupement familial. Ils nous disent que généralement il n’y a pas de mineurs non accompagnés, bien que dans le passé, occasionnellement, ils sont passé par le centre.

Le Sant’Anna est géré par la Confrérie des Miséricordes de Crotone, laquelle est objet d’observation depuis presque 12 ans pour son mauvais et lucratif travail. La Miséricorde d’Isola Capo Rizzuto gère également le centre d’accueil de Lampedusa. Il est clair que, aussi dans ce cas, il y a ceux qui ont appris à gagner beaucoup d’argent sur la peau des migrants. En fait, il est difficile de croire que les fameux 30-35 euros par jour soient dépensés pour améliorer les conditions du camp ou pour fournir des services aux hôtes; les rapports qui sortent du centre révèlent que certainement ne sont pas utilisés pour acheter des vêtements, ni pour les classes d’alphabétisation, ni pour leur donner un logement confortable (jusqu’à récemment, dans chaque containeur vivaient 10 à 12 personnes, maintenant ils vivent dans des modules habités par 4 personnes) et moins encore pour l’argent de poche. Comme à Mineo, même ici les migrants reçoivent parfois quelques euros à dépenser exclusivement dans le camp ou voire ils ne reçoivent rien.

Ces témoignages n’arrivent pas seulement des militants que nous avons interrogés, mais aussi de plusieurs migrants avec lesquels nous avons parlé à la station de Crotone. Beaucoup portent encore les flip-flops reçus au cours du débarquement, ils n’ont pas de vêtements pour l’hiver et la nourriture qu’ils reçoivent ne suffit pas.

La gare de Crotone vit depuis quelques années une situation difficile : parmi les trains abandonnés il y a un vrai ghetto qui parfois se peuple. Si où un migrant demande protection auprès de la Préfecture de Crotone, il est obligé de revenir ici au moment du renouvellement du permis de séjour; même chose pour ceux qui sont “dublinés” par les pays de l’Europe du Nord. Les temps des procédures bureaucratiques à la Préfecture sont éternels et les gens sont forcés à chercher un endroit où vivre entretemps. En outre, même à Crotone, depuis environ trois mois la Préfecture demande la possession d’un passeport comme condition pour le renouvellement du permis de séjour. Une pratique incorrecte qui, comme nous l’avons vu à Palerme, est extrêmement limitative, sinon impossible à réaliser.

Filippo Sestito nous dit que jusqu’à ça fais 10 ans les gens ne pouvaient pas sortir du centre; ensuite, grâce à la commission De Mistura, qui a mené des enquêtes sur les conditions des CIE en Italie, les règles sont changées.

Malgré le changement, les migrants du CARA de Crotone sont toujours “enfermés” à l’intérieur de ce fil de fer barbelé, attendant quelque chose qu’ils ne savent même pas ce qu’il est. Aucun d’entre eux semble avoir des connaissainces sur son propre statut juridique et – malgré le fait que la Commission qui évalue leurs demandes de protection internationale soit dans le champ, ce qui est assez inusuel par rapport au reste d’Italie – les temps d’attente sont encore très longs.
Bien que insuffisamment informés sur notre législature, les demandeurs d’asile ne se sentent pas «esclaves du système», mais ils ont réussi à organiser des manifestations pour réclamer de meilleures conditions et les documents. Toutefois, ces protestations, comme il arrive souvent, ne trouvent que l’usuelle indifférence des médias.

Cosenza

Équipe multidisciplinaire pour l’émersion, le diagnostic et la prise en charge des demandeurs et des bénéficiaires de protection internationale comme victimes de torture: un nom long, mais certainement très clair. L’association “la Kasbah” de Cosenza nous ouvre les portes pour nous montrer leur travail et ce projet en particulier.

Il est né de la rencontre avec le CIAC Onlus de Parma et à travers une équipe multidisciplinaire il veut apporter un soutien psychologique et physique aux victimes de la torture“, nous dit Emilia Korea, membre de l’association et militante.

L’équipe est composée de psychiatres, psychologues, un médecin légiste, des médecins généralistes et trois médiateurs. Grace à la collaboration de l’Autorité Sanitaire Provinciale, l’équipe se déménage à tour de rôle de l’hôpital de Cosenza, utilisant donc les heures de travail pour le projet. La prise en charge des personnes prévoit des entretiens pour faire émerger les traumatismes afin d’organiser une possible thérapie, qui est ensuite structurée au long de rencontres hebdomadaires. Le chemin de réhabilitation dans la plupart des cas est d’ordre psychologique, mais il arrive que le traumatisme soit aussi physique, et qu’il soit donc nécessaire recourir à une intervention chirurgicale. Depuis sa création, l’équipe a aidé plus de 180 personnes provenant de différents centres (CAS et SPRAR) ou même de la rue. Le but ultime est que le patient se sente une personne et non plus comme une victime. En même temps, le groupe de travail délivre des certificats médico-légaux qui seront ensuite remis à la Commission territoriale.

Emilia nous dit que, souvent, ce sont des preuves très importantes en Tribunal au cas où il y aura une réponse négative de la Commission à une demande d’asile. Ce travail a, en effet, aidé beaucoup de gens à obtenir la condition juridique de réfugié ou d’autres types de protection.
L’importance de ce projet au niveau national a été documentée récemment par Melting Pot avec l’article de Andrea Panico, auquel nous renvoyons pour une étude plus approfondie.

De l’association “la Kasbah” fait partie aussi Franco Cirino, qui nous joins pour nous parler du guichet légal. Un opérateur légal, trois médiateurs et des avocats ouvrent, tous les matins et même plusieurs après-midis, une espace dédiée aux migrants qui ont besoin d’une assistance juridique. Ceux qui parmi eux ne connaissent pas cette possibilité sont forcés de se tourner vers d’autres avocats, mis à disposition par les centres d’accueil, mais qui demandent des sommes exorbitantes, comme 1000-1500 € pour n’importe quel recours.

Le guichet légal est né ça fait plusieurs années comme une espace d’écoute et à l’époque il travaillait surtout avec des gens provenant des Philippines, ou avec ces femmes qu’on appelle “soignants” [“badanti” en italien, n.d.t.] provenant de l’Europe de l’Est.
Franco et ses collègues font face à tout type de problème juridique: au guichet viennent soit les migrants qui n’ont pas accès à l’accueil et qui ne connaissent pas du tout leurs droits, soit ceux qui n’ont jamais rempli le formulaire C3, ni reçu aucun avis juridique.

Outre à cela, nous faisons un grand travail de préparation à la Commission territoriale“, nous raconte Franco, “maintenant, nous rentrons dans la compétence de Reggio Calabria et les déni ont diminué, mais quand nous faisions référence au CARA de Crotone c’était un désastre“. De nombreux problèmes sont causés par la longueur des temps d’attente, comme nous l’avons vu dans d’autres régions de l’Italie; pour Franco, cela est dû à l’insuffisance du personnel de la Préfecture, qui est le même du 2006. Il est clair que, avec l’augmentation du travail en termes de temps, devraient également augmenter les fonctionnaires qui traitent ces pratiques. Dans cette période, la Préfecture de Cosenza travaille exclusivement sur les formulaires C3 et ne délivre pas de permis de séjour depuis plusieurs mois. “Je pense que nous devrions éviter d’impliquer la police: il est plus correct de penser qu’un travail de ce genre puisse être confié au grand secteur d’assistance sociale plutôt qu’à la police“.

Un autre aspect tout aussi important est le travail de surveillance que certains militants de Cosenza, y compris Emilia Korea, font en collaboration avec la Campagne LasciateCIEntrare sur ce territoire. Ils surveillent constamment les 40 CAS présents dans la province de Cosenza. Il nous attriste, mais ne surprends pas, d’entendre tant d’irrégularités et de violations des droits que nous avons déjà vus ailleurs: des gens habillés des mêmes vêtements reçus à l’atterrissage. Au cours de leurs visites, ils ont connu des gens qui, malgré l’hiver imminent, portent aux pieds des flip-flops, même dépareillés.
Avec un manque d’attention au bien-être matériel des migrants, dans leur rapport ils dénoncent l’absence d’assistance légale ou sanitaire. Très peu sont les migrants enregistrés auprès du SSN et ceux qui possèdent un STP reçoivent une aide insuffisante.
Entre avril et mai 2016, plusieurs activités de dénonce ont été menées. Une de celles-là a été prise en charge par la Malgrado Tutto, l’organisme qui gère le CAS de Lamezia Terme qui, comme nous l’avons dit, sera bientôt fermé.

Nous soulignons que les histoires que nous présentons ici ne sont pas complètes, ni exhaustives, ni suffisantes pour décrire l’histoire réelle de ces personnes. Ce qui se passe dans les centres d’accueil, quelle que soit la province ou de la ville où ils se trouvent, est une violation constante et énorme du Droit. Ce sont les mêmes Droits de l’Homme à être effacés.

Nous croyons que les conditions de vie offertes dans ces centres représentent une honte et c’est à l’intérieur de ceux-ci que nous trouvons la vraie urgence, non certainement dans l’immigration, mais dans le système d’accueil. Nous ne pouvons que être reconnaissants à ceux qui sans cesse continuent à poursuivre, depuis nombreuses années, les activités de dénonciation et de lutte contre ce système pourri et lucratif. Seulement ainsi il est possible de faire émerger l’histoire migratoire et de vie des gents accueillis et leur redonner droits et dignité.